Train train quotidien

Planifier le reste de 2020 malgré la covid-19

En ce moment, je me sens un peu comme dans l’oeil d’un ouragan. C’est le calme plat. Je viens de passer à travers la première étape de la tempête et je ne sais pas s’il va y en avoir une deuxième, tout aussi éprouvante ou même pire. Je suis en mode survie; je travailles pas mal, ne profite pas tant de l’été et retiens mon souffle en attendant la suite.

Le chamboulement de ce virus m’aura amené certaines réalisations, notamment concernant mon travail. Être au public, c’est d’être quasi à la merci de notre gouvernement qui ne se gênera pas pour appliquer des lois sur un système tant fragile. Je savais d’avance que je n’étais qu’un pion minable dans le système mais là, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase.

J’ai longtemps hésité à transférer au privé, comme infirmière d’agence. J’y pense encore en ce moment. Si le gouvernement m’oblige encore à travailler à temps plein et à être plein d’injustices envers ses employés, je décalisse.

Juste pour vous donner un exemple, on m’a obligé à faire du 10 nuits par 2 semaines alors qu’en temps normal, un temps plein est de 9 nuits/2 semaines. Mes collègues qui détenait un poste avec un congé de nuit n’ont pas eu à travailler 10 nuits alors que moi, oui. Et ceux qui me jugent parce que je me plains de travailler à temps plein de nuit, oh well, je ne fais pas du 9 à 5, du lundi au vendredi. Non, non! Quand tu es de nuit, tu fais un 7 nuits collées en ligne, 1 de congé, 3 de suite, 3 de congé. Ce rythme est éreintant et sincèrement, l’enfer à vivre si tu ne dors pas bien et/ou si tu as des enfants à t’occuper.

Ajoutez à ça le stress du covid au travail, qui se démontre par des changement de politiques à chaque jour, de mettre 99% des patients en isolation ce qui amène une surcharge débile à notre travail ou encore, de se faire dire que si un patient décompense devant nos yeux, qu’on doit prendre le temps de s’habiller et que probablement à cause de ça il va décéder… Bien que la mort est une invitée particulière et qu’on l’accueille assez souvent sur mon étage, je préfère bien plus sauver mes patients que de voir l’étincelle de leur vie s’éteindre alors que je suis là, impuissante.

Même la prime covid est de la poudre aux yeux! On nous promet un montant quand même pas si mal mais si on ose prendre une seule journée maladie dans notre mois, on la perd. Pas le droit d’être malade quand tu es infirmière, semble-t-il. Favoriser le présentéisme par dessus tout alors que tu as la vie de gens entre tes mains, ça me dépasse. C’est toxique et ça nous rend malades, stressées, anxieuses.

L’unique raison qui me garde au public, c’est le département où je suis; l’équipe est compétente, soudée et j’obtiens un salaire plus élevé grâce aux primes propres à ce département. J’obtiens également une expérience de travail très précieuse qui va probablement bien me servir si je fais le saut au privé !

De plus, pour rajouter l’insulte à l’injure dans mon cas, l’université où je fais des cours à temps partiel vient de me refuser un ancien diplôme fait à une autre université pour la reconnaissance de mon bac par cumul. Ça, je ne l’ai pas vu venir. Moi qui croyait que, enfin, mes péripéties d’études étaient enfin presque terminées (il ne me restait que 4 cours!), ce n’est pas le cas. L’injustice des règles stupides inter-universités m’a fait rager ce jour là, disons ! Oh well, ça m’apprendra à m’éparpiller partout dans la vie comme je l’ai fait dans les dernières années.

Ce revers, couplé à la covid, a fait naître un désir franc de vraiment mettre en place un plan plus solide pour prendre ma retraite le plus tôt possible. J’ai flirté les dernières années avec l’idée d’être FI/RE, puis être slow FI ou de m’acheter une maison et seulement travailler moins et vivre en-dessous de mes moyens jusqu’à ma retraite. En ce moment, je veux me placer dans une situation où je n’aurais plus jamais à mettre ma santé mentale et physique en danger au travail !

Voici donc comment se présenteront les 5 derniers mois de 2020 chez Sorcière Frugale: je retourne très fort probablement aux études à temps plein à l’automne et je vais continuer à travailler à temps partiel pour ne pas m’endetter.

Étonnamment, même si je coupe mes heures de travail de presque 50%, je risque fortement quand même d’atteindre mon ambitieux objectif d’épargne de 20 000$ cette année. J’ai décidé de donner un coup en août afin de faire le plus d’heures supplémentaires possible, tout en respectant mes limites, pour souffler lors de la prochaine session en septembre. L’un des avantages de la covid-19 est qu’elle m’a amené à couper dans mes dépenses les plus élevées (voyage notamment), ce qui m’aide à pas mal à épargner!

Et si, dans les prochaines semaines, shit is hitting the fan, que une 2ème vague arrive et que mon employeur décide de rejouer le rôle du marionnettiste, je suis déjà décidée sur la marche que JE vais suivre afin de me respecter ! Je me croise les doigts que ça ne soit pas le cas et que 2020 se termine sur une meilleure note que l’arrivée de cette foutue pandémie !

6 Comments

  • Mme Mod

    Ouf je suis si désolée pour tout ce que tu as vécue au travers de cette foutue pandémie! C’est tellement fâchant de voir comment le gouvernement traitent les employés de première ligne… puis les profs, les éducatrices, le personnel de soutien dans toutes ces environnements et etc!

    Et pour la reconnaissance du bac, as-tu un moyen pour contester? Je sais qu’une amie avait vécu une telle injustice puis a poussé pour une révision et finalement une plus grande partie a été reconnu. J’imagine que la dernière chose dont tu as envie en ce moment est de poursuivre une bataille, mais je t’en souffle le mot au cas où ça peut te donner du courage d’essayer une dernière avenue!

    Bravo pour les économies et vivement la poursuite de FI pour le courage que cela peut nous donner pour faire respecter nos limites.

    Finalement, j’organise une rencontre virtuelle FI QC le 25 août à 20h et j’aimerais savoir si tu as envie d’y participer :). Si tu peux me faire signe par courriel ce serait super puisque j’ai quelques questions en lien avec ceci! Merci!!

  • Andreanne

    Je suis vraiment désolé pour toi! C’est vraiment pas facile ce que vous avez eu à vivre dans le milieu de la santé publique 🙁 Vous êtes tellement essentiel à notre société et si peu reconnue! C’est franchement très dommage. Je te souhaite un peu de douceur dans les prochaines semaines! Et sans doute que l’énergie n’est pas là mais pour ta reconnaissance de cours tu peux toujours demander une révision de décision et écrire à la direction, mais je comprendrais que l’énergie ne soit pas très là!! Bon courage pour la suite miss, et malgré tout le chaos j’aime toujours te lire 🙂

    • admin

      Bonjour Andréanne,

      Merci de ton commentaire! Malheureusement la décision de l’université était assez claire; j’ai décidé d’aller chercher pour de bon le «vrai» diplôme comme clinicienne qui, au final, va m’amener plus de reconnaissance. Je me dis que c’est un petit set-back de la vie et que ça pourrait être pire !

  • Andrée-Anne Racine

    Salut sorcière frugale! Je suis moi aussi une infirmière avec le « mauvais » diplôme, en mode FIRE. J’ai fait de l’agence plusieurs années et je travaille maintenant au Nord, toujours pour le gouvernement mais avec un salaire et conditions beaucoup plus avantageuses. Je recommande fortement de faire le saut en dehors de l’hôpital! J’aimerais bien en discuter avec toi si ça te tente

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