Potager

Composter avec la méthode Bokashi

J’ai TOUJOURS besoin de compost au potager. À chaque année, je me retrouve à devoir acheter du terreau ou du compost car mon propre composteur traditionnel ne fournit pas assez. Soit il est prêt trop tard (en automne), soit j’en manque. Je fais bien du vermicompost depuis quelques années mais là encore, la quantité produite par mes vers ne comble pas les besoins de mon potager.

Il faut savoir que j’utilise beaucoup de compost. Contrairement à un potager traditionnel où l’on étend du compost une fois par saison, souvent au printemps avant les semis ou à l’automne, moi j’en met 2 à 3 fois dans la saison. Pourquoi? Parce que je jardine intensivement et que je dois, dans le meilleur des mondes, appliquer du compost à chaque potager (de printemps, d’été et d’automne). Malheureusement, comme j’en manque toujours, je priorise mon compost maison pour les plantes gourmandes, comme les tomates, courges, concombre.  Je pourrais toujours me résigner et acheter des poches de compost au magasin, mais je n’aime pas ça. Le prix peut monter vite et je cherche toujours à être le plus autonome possible dans ma culture au potager.

C’est alors que j’ai découvert une nouvelle façon de composter. Elle se nomme, la méthode Bokashi. Et elle est aussi étrange que son nom ! On peut composter TOUT, la viande et les produits laitiers compris. De plus, selon mes recherches, il était possible d’obtenir du compost rapidement (soit en 4 semaines) et en plus, d’avoir de l’engrais liquide dès le début du processus. J’étais vendue ! J’ai acheté ces deux bacs en avril (pour ma fête, quel beau cadeau que toute personne désire hehe) et je peux désormais parler de mon expérience avec la méthode Bokashi.

Tout d’abord, il faut savoir que le compost bokashi se prépare en plusieurs étapes. C’est un peu plus compliqué que le compostage traditionnel, mais la récompense en vaut la peine selon moi. Voici en gros les étapes à suivre:

Étape 1 : Préparer le composteur Bokashi

Le composteur Bokashi doit être étanche à l’air, car il doit être anaérobique pour bien fonctionner. De plus, il doit absolument être équipé d’un système de drainage pour évacuer le liquide. Si vous désirez créer vos bacs à bokashi, vous pouvez installer un robinet à un seau si vous êtes du type bricoleur. Ou sinon, prendre 2 seaux de la même grandeur, percer des trous dans un et l’insérer dans l’autre. Quoi qu’il en soit, ces deux règles (milieu sans oxygène et drainage assuré) doivent être respectées sinon l’expérience bokashi risque de se transformer en un cauchemar olfactif. Vous devez également acheter du démarreur à bokashi (bokashi bran en anglais). Souvent créée avec du son de blé, le démarreur à bokashi renferme les microbes nécessaire pour transformer les déchets alimentaires en compost.

Le démarreur à bokashi, à saupoudrer sur vos déchets alimentaires!

– Saupoudrez 1/4 de tasse de démarreur à bokashi dans le fond du bac à compost.

– Puis, ajoutez vos déchets alimentaires, par couche de 3-4 cm. Mélangez une pincée de démarreur à bokashi par couche de 3-4 cm de déchets alimentaires. J’avais tendance à plus en mettre au début, mais je me suis rendue compte qu’une petite quantité fait très bien l’affaire, SAUF pour la viande et les produits laitiers; utilisez-en plus.

– Puis, TRÈS IMPORTANT, écrasez vos déchets dans le bac à l’aide d’un outil, comme une bouteille de vin ou un pilon pour écraser les pommes de terre en purée. Le but est d’éliminer le plus d’air possible des déchets alimentaires. Les bonnes bactéries se développeront mieux. Si le mélange est exposé à l’air, ça va puer mais pas de la bonne manière. Car le compost bokashi, ça sent un peu. Une fois parti, les déchets alimentaires vont fermenter et produire une odeur acidulée. C’est normal. Perso, l’odeur ne me dérangeait pas trop mais elle incommode mon conjoint. Je mets les bacs à bokashi dans mon cabanon donc je n’ai pas de problèmes.

– Couper les déchets alimentaires en petits morceaux si possible, il se dégraderont plus vite.

Étape 2 : Drainer le composteur Bokashi

Il faut absolument drainer votre composteur, aux 2-3 jours maximum. Sinon, bonjour les problèmes ! La fermentation des déchets alimentaires ne doit pas se faire lorsqu’ils traînent dans leur liquide.

Le liquide drainé est un excellent engrais, que ce soit pour vos plantes d’intérieur, que pour le potager. Il faut le diluer par contre, à raison de 1:100 sinon il est trop acide et pourrait tuer vos plants. Le jus de bokashi est un mélange de nutriments et de bons micro-organismes pour votre terre. Il est donc super intéressant à utiliser au potager car on sait de plus en plus que bonnes bactéries dans la terre = meilleures cultures.

Drainer le liquide aux 2-3 jours. Tout dépendant des déchets, vous pouvez récolter 1-2 tasses de jus de bokashi!

Le jus de bokashi doit être utilisé dès la récolte. Sinon, jetez le dans l’évier. Semblerait-il que ça aide à déboucher les tuyau et est même bénéfique pour diminuer les odeurs. Le liquide en tant que tel sent le fermenté. J’ai remarqué que plus on utilise de déchets de viandes, plus il sentira fort. Mais même versé dans le lavabo, l’odeur ne reste pas si on rince bien par la suite.

On peut aussi verser le jus de bokashi dilué dans le composteur traditionnel; ceci peut accélérer le compostage.

Étape 3 : Laisser les déchets alimentaires fermenter

Une fois que vous avez rempli votre bac à compost, saupoudrez 1/4 de tasse de démarreur à bokashi, bien fermer le couvercle et laisser fermentez pendant 10-14 jours sans rien toucher hormis le drainage qui doit absolument continuer à être fait.

 

Saupoudrez 1/4 de tasse de démarreur à bokashi sur le dessus de votre bac, bien fermer le couvercle et laisser le tranquille pendant 2 semaines.

Une fois la fermentation effectuée, les déchets alimentaires seront prêts à être compostés. Il n’auront pas trop changé d’apparence, sauf peut-être avoir de la mousse blanche dans le bac, ce qui est normal.

Étape 4 : Mélangez le compost bokashi avec de la terre

Une autre étape importante: pour bien se dégrader, les déchets alimentaires fermentés doivent être en contact avec la terre. Vous avez donc plusieurs options:

– Creuser une tranchée dans votre potager, y mettre les déchets alimentaires fermentés et recouvrir de terre.

– Mettre les déchets alimentaires fermentés dans votre composteur traditionnel et recouvrir de «brun».

– Mélanger les déchets alimentaires fermentés avec du vieux terreau, puis les mettre dans un bac troué.

C’est cette dernière option que j’ai choisi. Notamment parce que je voulais visualiser rapidement l’évolution du compost et que j’ai mon cher chien qui n’aurait pas hésité à aller manger les déchets fermentés direct dans la terre ou dans le composteur traditionnel (oui, je l’ai prise sur le fait trop de fois l’an passé).

Je m’appelle Aliss et je suis accro au compost …

J’ai pris un vieux bac Rubbermaid, troué quelques trous pour le drainage et j’ai rempli environ 1/3 de vieux terreau et 2/3 de compost bokashi. Puis j’ai bien brassé pour que tout soit bien mélangé.

Le bac à bokashi est prêt à être versé dans le vieux terreau.

 

J’ai alterné les couches de bokashi avec les couches de vielle terre.
Plus le compost bokashi est en contact avec de la terre, plus rapide et mieux sera la dégradation en compost.

Pour finir, j’ai recouvert de terreau et j’ai protégé le bac avec 2 briques sur le dessus, pour éviter à mon chien d’y avoir accès. Personne n’y a touché mais si vous avez des ratons ou des ours (ou des chiens plus intelligents que le mien), assurez vous qu’ils ne peuvent ouvrir le bac.

Étape 5 : Récoltez le compost mûr en moins de 4 semaines

Je doutais vraiment que le compost serait prêt en 4 semaines. Je veux dire.. C’est trop beau pour être vrai, non?

Hé bien, je suis bluffée, car ça marche ! Même pas une semaine après avoir mis les déchets alimentaires dans la terre, le bac est devenu très chaud, signe que l’activité microbienne était bien en place.

Puis, 4 semaines plus tard, les seules choses non compostées sont majoritairement des os de poulet, ce à quoi on peut s’attendre puisque ils prennent du temps à composter.

Je dois vous l’avouer, il y avait une odeur plutôt forte la première semaine de compostage. Mais après, rien, niet, nada !

Environ 10% de mes déchets alimentaires n’ont pas été compostés en 4 semaines, majoritairement des os de poulet.

Et 4 semaines plus tard, j’ai un terreau riche prêt à être utilisé au potager:

Le reste du bac par contre, est rempli d’un compost très prometteur.

Les avantages de la méthode Bokashi

Alors voilà, je suis conquise par cette méthode! Voici les principaux avantages:

  • Compost riche en nutriments et en micro-organismes en moins de 6 semaines (de la fermentation  jusqu’au produit final)
  • Accès à un fertilisant maison en tout temps grâce au jus de bokashi. Je peux donc enrichir mon sol même si le compost n’est pas prêt.
  • Nécessite moins d’espace que le gros composteur traditionnel.
  • On peut composter presque n’importe quoi: j’ai mis des les restants d’os de poulet (que je gardais au congélateur), de la viande, des produits laitiers, des pâtes, des oignons, bref, tout ce qu’on dit de ne pas mettre dans le compost traditionnel.
  • Un sac de démarreur à bokashi peut durer très longtemps, à la longue, le procédé devient économique.
  • Permet de redonner la vie à un terreau déjà utilisé.

Les désavantages de la méthode Bokashi

  • L’ODEUR. La compagnie qui m’a vendu les bacs stipule que ce compost est sans odeur. Bullshit. Il y en a quand on ouvre le bac, quand on récolte le jus de bokashi et même le bac dégageait lors de la fermentation. Ça ne sent pas la viande avariée ou la poubelle qui est due pour être sortie, mais ça ne sent pas la rose non plus. L’odeur est aigre-douce et fermentée.
  • Nécessite un endroit comme un garage ou un cabanon pour mettre les bacs vu l’odeur. Je ne me verrais pas avec ça dans un petit appartement. À la limite le bac peut être mis dans un endroit à l’ombre, il ne doit pas être au soleil.
  • Un peu plus compliqué que le compostage traditionnel. Il faut être motivé et assidu.
  • Les bacs sont chers à l’achat. Probablement qu’on peut s’en sortir pour bien moins cher en les faisant maison.
  • On ne peut pas vraiment en faire l’hiver, quoique j’ai lu qu’on peut laisser les déchets fermentés dehors et les enterrer au printemps. La fermentation doit quand même se faire à l’intérieur.

 

Suis-je satisfaite ?

Malgré les désavantages de la méthode Bokashi, je suis amplement satisfaite et je ne regrette pas du tout mon achat. Cette méthode vaut les efforts puisque j’obtiens désormais quand je veux un engrais qui coûte presque rien ET du compost rapidement. C’est très pratique quand on cultive intensivement au potager. De plus, mes plantes à l’intérieur semblent beaucoup aimer le jus de bokashi dilué, je ne suis donc pas inquiète pour le potager.

2 Comments

  • Michaël Manuel Savard

    Intéressant ton article. Merci. Je trouvais peu d’informations. Mais, j’aurais des questions, car j’ai un sac chez moi. Au verso du sac, on voit que l’ont oeut mélanger au jardin ! J’ai donc mis ceci dans 1 de mes pots et maudit ca sentait pas bon ! Mais, après avoir brassé la terre, l’odeur a disparu. Penses-tu que ça va avoir un effet positif sur ma plante ?

    Deuxio, j’ai un composteur miracle grow. Ste, celui qui tourne….j’en si mis directement dedans avec le vert et le brun. Penses-tu que ça va fonctionner?

    Pour le thé, bah j’ai pas le composteur bokashi, mais bon. Je suis sur que je peux avoir de quoi de bien juste en le combinant avec mon composteur. Qu’en dis-tu ?

    Voilà !

    Michaël

    • admin

      Bonjour Michaël,

      Pour tes questions, voici mon expérience avec le compost bokashi:

      1- Oui, ça a un effet bénéfique au potager, en petite quantité. Cela va amener des microorganismes dans le sol!
      2- Même chose pour ton composteur, cela ne nuira pas mais n’obtiendra pas les résultats comme avec du bokashi.

      On peut très bien survivre sans thé de bokashi :)!

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